La faune islandaise : un paradis pour les ornithologues

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Ornithologue homme observant la côte islandaise avec des puffins

Trois cents espèces d’oiseaux, zéro arbre indigène : l’Islande n’a pas besoin de forêts pour attirer les migrateurs du monde entier. Les terres volcaniques, battues par les vents, semblent d’abord inhospitalières. Pourtant, chaque printemps, des nuées d’ailes trouvent refuge entre plages de sable noir et falaises abruptes. Ici, le macareux moine s’impose en maître, transformant l’île en l’un des sites de reproduction les plus dynamiques d’Europe.

La densité d’espèces rares en Islande surpasse celle de bien des régions continentales, pourtant bien plus feuillues. Les vastes colonies animent les lagunes, colonisent les plages et investissent les promontoires rocheux. Ce puzzle d’écosystèmes compose un tableau vivant, singulier, qui fait de l’île un foyer de biodiversité aviaire parmi les plus fascinants du nord du continent.

Pourquoi l’Islande fascine tant les passionnés d’oiseaux

Que l’on soit ornithologue expérimenté ou simple curieux, impossible de rester indifférent devant l’inventaire islandais : près de 300 espèces observées, dont environ 70 choisissent chaque année d’y nicher. Les paysages variés, du littoral fracturé aux deltas silencieux, en passant par les landes et les lagunes, forment des habitats idéaux pour l’observation. Le macareux moine, la mouette tridactyle et le fulmar boréal trouvent ici des refuges préservés, à l’abri du tumulte humain et sous la surveillance des vents du nord.

La préservation de la biodiversité ne tient pas du hasard. L’Islande s’appuie sur une étoile de parcs nationaux et de réserves naturelles pour garder intact cet équilibre fragile. Ces aires protégées offrent aux oiseaux, qu’ils soient migrateurs ou résidents, la tranquillité nécessaire à leur cycle de vie. Les règles sont strictes : gestion des flux de visiteurs, contrôle des accès, sensibilisation. Pourtant, la popularité croissante du pays met la pression sur ces sites d’observation. Si le tourisme n’est pas régulé avec rigueur, la faune en paie le prix, et les habitats peinent à se régénérer.

Le changement climatique ajoute une couche d’incertitude. La montée des températures et la modification des précipitations bouleversent peu à peu les zones humides et les côtes, contraignant certaines espèces à ajuster leurs migrations ou à changer de comportement. Les experts observent déjà des déplacements inédits et des stratégies de survie nouvelles. Sans une vigilance constante de la part des gestionnaires de ces espaces, l’Islande risque de perdre ce statut de refuge unique pour la faune ailée.

Des espèces emblématiques à observer absolument

Impossible de parler de la faune islandaise sans évoquer ses vedettes. Sur les falaises et au-dessus des landes, l’île donne à voir une collection remarquable de spécimens. Le macareux moine s’impose immédiatement : bec coloré, démarche maladroite, il concentre à lui seul toute l’attention. Lors de la saison de nidification, la population de macareux se compte par millions, offrant un spectacle saisissant aux observateurs.

La sterne arctique, déesse migratrice, fait également partie du décor, surtout dès le mois de mai. Son ballet aérien, précis et infatigable, impressionne les passionnés venus de toute l’Europe. On croise aussi le fulmar boréal, le guillemot de Troïl et le guillemot de Brünnich sur les corniches, souvent accompagnés de la mouette tridactyle et du fou de bassan. Du côté du littoral sud-ouest, l’eider à duvet rassemble ses larges colonies, connues pour la douceur de leur plumage et leur sens de la collectivité.

La terre ferme, elle, garde quelques mystères. Le renard polaire, seul mammifère terrestre natif, se faufile entre champs de lave et prairies. Plus rares, le pygargue à queue blanche et le faucon gerfaut trouvent refuge dans des zones protégées, tandis que le grand labbe règne dans la région du Myrdal.

Pour mieux situer ces espèces incontournables, voici quelques repères :

  • macareux moine : symbole incontournable des côtes islandaises
  • sterne arctique : migratrice insatiable, présente sur tout le territoire
  • eider à duvet : omniprésent sur le littoral sud-ouest
  • renard polaire : unique mammifère terrestre originaire de l’île

Où admirer la faune aviaire islandaise : nos spots coups de cœur

Certains sites s’imposent comme des passages obligés pour qui rêve d’observer la faune ailée islandaise.

Les falaises de Latrabjarg forment un théâtre naturel où des millions d’oiseaux marins se rassemblent au printemps. Le macareux moine y côtoie le fulmar boréal et la mouette tridactyle, composant un tableau vivant, entre cris perçants et envols soudains. Ici, l’observation se fait à quelques mètres seulement, dans une ambiance brute, sans artifice.

En prenant la direction du sud, les îles Vestmann ainsi que la région de Vìk offrent une autre facette du spectacle. Les macareux y forment d’énormes colonies, partageant leur territoire avec les guillemots de Troïl et de Brünnich. La lumière, le vent, la mer : tout concourt à créer une atmosphère presque irréelle, où chaque vol d’oiseau devient un événement.

Au nord, la péninsule de Melrakkaslétta attire les passionnés de fou de bassan. Plus à l’ouest, le Breiðafjörður et sa multitude d’îlots révèlent le goéland bourgmestre, le cormoran huppé et le grand cormoran. Les environs du Myrdal, quant à eux, sont le domaine du grand labbe, imposant par sa stature.

Impossible de passer à côté du lac Myvatn : marais, étangs, lagunes s’y succèdent, offrant un refuge à une incroyable diversité de canards, plongeons, garrots, nettes et fuligules chaque été. Ce site, d’une richesse rare à l’échelle européenne, s’impose comme un véritable paradis pour qui souhaite diversifier ses observations.

Jeune femme en parka dans un champ de lave en Islande

Conseils pratiques pour une expérience ornithologique inoubliable

Pour maximiser ses chances d’observer la faune islandaise dans toute sa splendeur, mieux vaut miser sur la période de mai à juillet. Les oiseaux nicheurs s’installent en masse, transformant les falaises en véritables colonies animées. Les couleurs vives du plumage, la lumière dorée du soleil de minuit, l’intensité des chants : tout invite à la contemplation et à la photographie.

Mais l’Islande se mérite. Le climat, imprévisible, alterne vent, pluie et brusques chutes de température. Équipez-vous de vêtements imperméables, de chaussures adaptées et d’un sac étanche pour le matériel. Les jumelles et un téléobjectif de qualité font la différence, permettant d’observer sans gêner la faune.

Le réseau de parcs nationaux et de réserves naturelles garantit la protection de la biodiversité. Respectez les règles : gardez vos distances, restez sur les sentiers balisés, évitez de circuler en voiture près des sites sensibles. La popularité du pays attire de plus en plus de visiteurs, ce qui peut déranger certaines espèces. Privilégiez les horaires plus calmes pour une approche discrète et respectueuse.

N’oubliez pas que le changement climatique bouleverse progressivement les rythmes et les territoires. Certaines espèces deviennent plus difficiles à observer, d’autres s’adaptent en modifiant leurs migrations. Quant aux ours polaires venus de la banquise groenlandaise, leurs apparitions restent rarissimes et extérieures à l’écosystème de l’île. Patience et discrétion restent les meilleurs alliés pour vivre des rencontres mémorables dans ce sanctuaire pour ornithologues.

L’Islande ne livre ses secrets qu’à ceux qui savent attendre, écouter, regarder. Là, entre ciel et lave, le vol d’un macareux ou la silhouette d’un renard polaire deviennent des instants suspendus, impossibles à oublier.